PATRIMOINE ARCHITECTURAL
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Urbanistique
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Les cloches
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Qui n'est pas
ému d'entendre, après une longue absence, le son retrouvé
des cloches de son village ? Elles rythment la vie de la cité, annoncent
le début des offices religieux ainsi que les événements
heureux : carillons pour les baptêmes, envolées sonores pour
les mariages, ou malheureux : glas pour les obsèques ou tocsin pour
les catastrophes subites. Ainsi, les cloches jouent un rôle de signal
et de protection, magique ou rituel. |
Et pourtant,
elles nous quittent ! Mais pour trois jours seulement ! La tradition chrétienne
veut que les cloches s'envolent pour Rome, le jeudi saint, au cours de la
messe, après le Gloria. |
Elles reparaissent
triomphalement le matin du dimanche de Pâques pour annoncer la résurrection
du Sauveur et donner aux fidèles une espérance renouvelée.
Pendant cette courte période de silence, il fallait bien annoncer
le début des offices religieux. C'est alors qu'une petite troupes
de gamins faisait le tour du village, agitant des clochettes et criant à
tue-tête :
"Al preumié dé l'offici ! ... al ségound ... al
darnié." Après la 3ème tournée
tous les fidèles étaient rassemblés et la célébration
pouvait commencer. |
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Les cloches sont
nos amies ! Faisons plus ample connaissance avec elles ! |
"Depuis
plus de 4 000 ans, elles sont connues en Chine, Egypte, Inde et Grèce.
La technique de fabrication remonte à 2 500 ans avant J. C. Au VIème
siècle, elles jouent un rôle fondamental car elles appellent
les fidèles à l'office. En 789, Charlemagne, l'Empereur à
la barbe fleurie, impose une règlementation rigoureuse : chaque église
paroissiale devra être munie de 2 cloches. Les premiers fondeurs,
issus du Clergé, vont à cette époque devenir itinérants
pour satisfaire à la demande. |
Si les premières
cloches ont sans doute été façonnées à
partir d'une plaque brut de métal, l'apparition de la technique de
la cire perdue permettra d'utiliser le bronze coulé. |
Au IXème
siècle, la fonte connaît une vague et le perfectionnement des
techniques permet la manufacture de grosses cloches aux timbres variés. |
La cloche occidentale,
d'abord hémisphérique, prend peu à peu une forme allongée
à paroi d'épaisseur uniforme. La percussion est produite par
un marteau. Ces cloches médiévales étaient très
fragile au niveau de la couronne ; les fondeurs ont alors l'idée
de placer un battant à l'intérieur et de renforcer la base
par un anneau. |
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Parties de la cloche : 1. joug, 2. anses, 3. cerveau, 4. épaule,
5. robe, 6. panse, 7. pince, 8. lèvre inférieure, 9. battant,
10. faussure |
Au XVème
siècle, la cloche occidentale acquiert sa forme actuelle : un collet
carré, des côtés droits ou légèrement
concaves (le coffre), s'évasant et se renforçant près
de la couronne (arc de résonance). Ce procédé améliore
le son et un siècle plus tard, certains fondeurs fabriquent des cloches
si bien accordées qu'elles peuvent jouer en harmonie. |
Le bronze, utilisé
par alliage de 78 % de cuivre et de 22 % d'étain donne le meilleur
son. |
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La fabrication
commence par la construction de 2 moules en argile : l'un, le noyau, adapté
à la taille et à la forme intérieure de l'instrument
; l'autre, l'enveloppe, dont la face interne, pourvue de filets et d'ormementations,
correspond à la face extérieure. |
Le bronze est
alors coulé à la température de 1100° Celsius et
il faut environ 1 mois pour qu'il refroidisse. |
On accorde ensuite
la cloche sur un son de la gamme en travaillant l'épaisseur du métal
sur la face interne. Ce son dépend du profil et de la taille de l'instrument,
les plus gros donnant les sons les plus graves. |
 La plus grosse
cloche du monde, Tsar Kolokol (En russe: Llapbkonokon, « Tsar
des cloches » en français) est un maître-bourdon en
bronze, visible au Kremlin de Moscou, pesant 201 924kg, d'une hauteur
de 6,24 mètres et d'un diamètre de 6,60 mètres. Il
a été fondu en 1735 par une équipe de 200 hommes,
supervisés par les maîtres artisans Ivan Motorin puis son
fils Mikhail, à la demande de la tsarine Anna Ire, pour réaliser
le rêve de son grand-père Alexis Ier. Ses ornementations
comme les portraits et textes ont été faites par V. Kobelev,
P. Galkin, P. Kokhtev, P. Serebryakov et P. Lukovnikov.
Elle se situe aux coordonnées suivante : 55° 45' 03" N
et 37° 37' 07" E
 L'analyse de
l'alliage effectuée à partir d'un morceau brisé par
le laboratoire impérial du corps des mines, donna le résultat
suivant : cuivre 84,51 % - étain 13,21 % - soufre 1,25 % - divers
(zinc, arsenic, ...) 1,03 %.
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La Tsar Kolokol
succède à deux autres cloches qui furent appelées
tsar de toutes les cloches : la première au début du XVIIe
siècle, la deuxième en 1654 pesait environ 130 tonnes, et
fut détruite en 1701. Il semble que ces cloches furent détruites
dans le but de les refondre en plus grand, jusqu'à la troisième
génération.
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Dans les villes
du Nord, les clochers et les beffrois sont pourvus d'un jeu de cloches qui
permet de jouer des thèmes musicaux classiques. |
En France, les
"Bollé" vous sonnent les cloches depuis 1715. A la fonderie
des cloches d'Orléans, les "Bollé", maîtres
saintiés de père en fils, perpétuent un procédé
dont l'origine se perd dans l'Antiquité. Tout bascule quand Amédée,
150 ans après la création de la fonderie familiale, fait la
découverte qui est à la base de sa gloire. Il trouve en effet
une méthode d'analyse harmonique permettant de déterminer
très exactement le nombre de vibrations de chacune des parties du
timbre. Dix-sept ans plus tard, grâce à cette lumineuse trouvaille,
il invente enfin le pantographe permettant de tracer le calibre de la cloche,
conférant ainsi une renommée exclusive à la maison
"Bollé". Auréolé d'un prestigieux savoir-faire
reconnu dans le monde entier, Dominique Bollé reproduit aujourd'hui,
dans le repect des traditions ancestrales, un art dont il est l'un des derniers
façonniers. |
Nous ne saurions
terminer cette belle histoire sans parler du sonneur. Ce personnage était
chargé, à heures fixes, de sonner l'Angélus 3 fois
par jour (matin, midi, soir) et d'assurer les sonneries annonçant
les évenements heureux et malheureux de la vie. Il était "prisonnier"
de l'horaire, qu'il respectait scrupuleusement. Nous avons une pensée
attendrie pour Marie Cardinal qui a ainsi exercé cette fonction avec
une régularité d'horloge. |
Les cloches de Gruissan
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Comme chaque
année, pour 3 jours seulement, nos cloches "s'envoleront"
pour Rome et reviendront le jour de Pâques, pour annoncer la résurection
du Sauveur : ainsi le veut la tradition chrétienne. |
Mais les autres
jours, elles rythment fidèlement le cours de notre vie.
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Les voici : |
La petite cloche
: (H = 80 cm / D = 80 cm / d = 45 cm)
Comporte 3 inscriptions en bandeaux :
1 : SIT NOMEN DOMINI BENEDICTUM ANNO SALUTI 1827 REGN CAROLO X
que le nom du seigneur soit béni année sainte 1827 règne
de Charles X.
2 : M. F. RAZOULS, Maire - A. GIMIE, Adjoint - GALARD, curé.
3 : A. M. D. RIVAL, parrain - Marg. C. BOUIS, marraine
(Fonderie St Pierre à Marseille - Oeuvre de Baudoin, fondeur. |
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La grande cloche
: (H = 95 cm / D = 95 cm / d = 60 cm)
1 : LAUDO DEUM PLEBUM VOTO CONGREDO CLE RUM DEFUNCTOS PLORO PESTEM
FUGO FESTA DECORD
Je loue Dieu. Je rassemble le peuple et le clergé pour la prière.
Je pleure les défunts. Je repousse les calamités. J'embellis
les jours de fête.
2 : Fondue en 1876 - S. S. PIE IX, pape - Mgr LEUILLEUX, évêque
de Carcassonne - M. PECH, curé.
3 : M. PORTES, Maire - A. CABANNES, parrain - Marceline CABANNES,
née BOUIS, marraine.
Fonderie Louison Pellerin à Toulouse - Oeuvre de J. l'Evêque,
gendre-successeur. |
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Chaque cloche
est caractérisée par sa tonalité : la grande (son grave)
est en Fa # et la petite (son aigu) en Si. Cet intervalle de quarte étendue
de 2 tons ½, caractérise leur accord. |
Cf : Gruissan d'Autrefois
n° 147 et 171 - Sources Encyclopédie Microsoft
F. G. |