Sommaire / Patrimoine ethnographique / férronerie
PATRIMOINE ETHNOGRAPHIQUE

PRATIQUE ARTISANALS

La Férronerie


- La férronerie est l'art de la fabrication d' ouvrages en fer, depuis les plus gros ouvrages métalliques, comme les ponts, les voies ferrées, les portiques, jusqu'à la serrurerie d'art et les oeuvres en fer forgé.

- Sa tradition remonte à la plus haute antiquité : " Si les pieux d'Enée rétablissent l'équilibre au milieu des combats, c'est qu'ils sont armés par l'époux de Vénus". Celui-ci n'est autre que Vulcain, le dieu de la forge. Cet art consiste à façonner le fer rouge au feu entre marteau et enclume.

- Cette profession se divise en plusieurs catégories :

Les Maréchaux-ferrants, maîtres des "oeuvres noires" ainsi désignés parce que leurs travaux, destinés à toucher terre, sont faits avec une précision toute relative.

- Ces artisans façonnaient à l'avance des fers-types qu'ils adaptaient ensuite à la pointure du pied du cheval.

- Cette scène du ferrage, le jeudi matin, faisait, dans notre enfance, les délices de notre curiosité. Nous étions d'abord alertés par l'odeur caractéristique de corne brûlée qui enveloppait certaines rues du village et nous courions pour observer ces gestes précis de l'ouvrier qui ajustait le fer, après plusieurs essais. L'invention du fer à cheval est d'origine arabes, ce qui explique l'importance de leur cavalerie dans la conquète du Magreb et de l'Espagne et le symbole architectural des ouvrages dans leurs monuments.

Les forgerons eux font un travail plus précis à 5/10 m/m près. Il sont capables de donner au métal, rendu malléable par une chauffe au rouge, la forme désirée, approxamative si elle doit être usinée par la suite à 1/100 m/m, ou définitive pour les petits outils : c'est le cas des forgerons de village qui affûtent les outils, ou remplacent des pièces cassées.

Les velliers ou fabriquants de clous, ont aujourd'hui disparu, remplacés par la machine.

Chaque ouvrier fabriquait 2 000 clous par jour.

- Le matin, l'ouvrier martelait le métal rougi à la forge, avec l'aide de l'apprenti-souffleur, pour lui donner une section carré de 8 m/m au plus. Chaque pièce était coupée à la longueur au burin et la pointe oeuvrée à coup de marteau.

- L'après-midi, l'ouvrier façonnait les têtes carrées placées dans une lingotière (matrice) carrée elle aussi.

On peut encore voir, sur les vieilles portes de Gruissan, des clous ainsi façonnés.

Aujourd'hui, l'industrie produit des clous ronds, à grand rendement.

Les haumiers ou fabriquants d'armures sont les ancêtres des chaudronniers et tôliers d'aujourd'hui.

Ils étaient capable de donner une forme adaptée à la morphologie du guerrier pour n'importe quelle pièce de l'armure en façonnant "la plate" au marteau ou à la masse.

Aujourd'hui, leurs déscendants fabriquent les carrosseries de voitures, d'avions, etc...

les ferronniers d'art, enfin, sont les artistes de la corporation. Ils réussisent à exprimer leur sensibilité ou leur sens artistique en travaillant un matériau résistant ou parfois rebelle.

De très belles réalisations sont à leur actif. Signalons, pour l'exemple, les grilles de la place Stanislas à Nancy, exécutées par Jean Lamour, qui consacra 9 ans de travail au dessin et à la réalisation de ce chef d'oeuvre.

Le roi Louis XVI, pour consacrer l'apogée de cet art, donna le port de l'épée - jusque là réservé aux nobles - à la corporation des Ferronniers.

Cf : Gruissan d'Autrefois n° 153 (texte de F. ROUQUETTE)
F. G